SEPTEMBRE... c'est le temps des pommes. Durant cette période, la plupart des vergers sont en pleine activité et les conditions météorologiques sont idéales pour une journée en famille ou entre amis dans le sud de la province.
Qu'en est-il de l'Abitibi ?
En Abitibi ? On cultive des pommes en Abitibi ?
Pas tant, non. Mais je vais peut-être vous apprendre une chose : on en trouve à l'île Nepawa, près de La Sarre en Abitibi-Ouest.
Pour accompagner la date de publication du Véto Clin d'Oeil de septembre, la photo d'arrière-plan de notre site vous montre donc cette fois-ci la photo d'une belle pomme prête à être cueillie. Mais cette pomme devient surtout le prétexte pour vous parler d'une partie de l'histoire de l'île Nepawa : celle de plusieurs familles de Madelinots qui y sont venues en 1940-41... Voici donc une partie de l'histoire...
L'ÎLE NEPAWA SUR LE LAC ABITIBI
Il s'agit de la plus grande île du lac qui mesure environ 8 kilomètres sur sa longueur. On y trouve un microclimat qui permet la récolte de pommes à la hauteur de La Sarre. Ma photo sur cette page, d'une énorme cage à homards sur le site du parc des Madelinots, sur l'île, rappelle une histoire qui date de 84 ans. Je m'y suis rendu, cet été (2025) et j'ai pensé vous en glisser quelques mots. Non, il n'y a pas de homards au lac Abitibi, mais oui, on y trouve des pommes.
Lors de votre prochaine virée en Abitibi, rendez vous à l'Île Nepawa dans la municipalité de Clerval. Ce qu'il y a de très étonnant sur ce «petit» lopin de terre, c'est la présence du verger le plus au Nord du Québec. Le verger de l'île y fait pousser des pommes depuis plus de 20 ans. Le pomiculteur, M. Pierre Drapeau, grâce au microclimat particulier de l'île, pourra vous offrir des produits locaux créés sur place (confitures, compotes, gelées, boissons alcoolisées à base de pommes, prunes, raisins, framboises ou miel selon les saisons).
DES MADELINOTS D'UNE ÎLE À UNE AUTRE...
En septembre 1941, 14 familles (101 personnes) arrivaient à la gare de La Sarre. Pour des raisons économiques et de colonisation, elles avaient quitté les Îles-de-la-Madeleine pour venir s'installer sur une autre île sur le lac Abitibi, l'Île Nepawa. L'année suivante, en août, 13 autres familles (103 personnes) sont venues les rejoindre.
Ces années-là, les temps étaient durs sur l'archipel madelinot. Misère économique et surpopulation. Sur proposition de curés locaux et sous l’initiative du ministère de la Colonisation, on leur offrait une maison et un lot de terre, un cochon et des poules chaque année et un montant d’aide d’environ 1 000 $ pour s’établir. Ces familles se sont lancées dans l'agriculture et la pêche dans un nouveau cadre.
On vantait les terres fraîches, le microclimat propice (117 jours sans gel contre 65 à La Sarre à 35 kilomètres de distance), et les forêts abondantes, ce qui devait en faire un refuge à long terme. À leur arrivée, ils découvrirent seulement des forêts et quelques camps rudimentaires – pas de maisons promises. Beaucoup ont dû dormir dans des tentes improvisées.
Les hommes ont immédiatement coupé bois, terrassé et coopéré pour bâtir leurs maisons d’après les plans du ministère. Jadis pêcheurs, ils se sont reconvertis à la culture. Malgré la terre fertile et un climat favorable, tous n’ont pas pu s’y adapter. Plusieurs Madelinots sont retournés, mais d'autres sont restés. Quelques-uns sont encore sur l'île, mais la plupart se sont établis aux alentours.
Malgré un début difficile (absence de logis, conditions rudes), les familles se sont serré les coudes, rénové le milieu et, pour plusieurs, se sont construit de nouvelles vies. La majorité des colons étaient apparentés. Certaines familles ne sont pas restées longtemps et ont migré vers d’autres localités en raison de l’impossibilité de vivre uniquement de l’agriculture.
Les Madelinots d’Abitibi ont laissé une empreinte : plusieurs noms de famille (Poirier, Boudreau, Lapierre, Aucoin, etc.) sont encore présents en région. L’expérience a été marquée par la solidarité, la difficulté et l’adaptation — une belle illustration de résilience collective.
Résumé d'informations prises ici et là pour vous mettre en appétit de découvrir une partie de l'histoire de l'Île. À partir de différentes sources sur internet, si ça vous intéresse, faites marcher vos doigts sur Google et vous en trouverez davantage sur cette histoire intéressante.
André Doré (MON 1979)